Stéphane Gueguen, conférencier, fondateur de Happiness Work et de l’association « Souriez… » * accompagne régulièrement les services de ressources humaines ou encore les managers, soucieux du bien-être au travail de leurs collaborateurs. Grâce à des ateliers participatifs et interactifs fondés sur l’écoute et la tolérance, il offre une nouvelle vision du management dans laquelle l’individu occupe une place centrale. À l’occasion de sa conférence intitulée « Jeunes, vieux : mode d’emploi ! (pour s’éviter un joli bazar au travail) », il nous offre en avant-première quelques pistes pour mieux comprendre les différentes visions du travail qu’il existe entre les générations afin d’en mutualiser le meilleur et d’éviter les blocages.
« Comment s’appelle la génération née entre 1945 et 1965 ? » , « Dans quel contexte économique les personnes nées à partir des années 1980 évoluent-elles ? » Telles sont certaines des questions que pose Stéphane Gueguen à l’occasion de sa conférence « Jeunes, vieux : mode d’emploi ! (pour s’éviter un joli bazar au travail) ».
« A l’aide de ces questions ouvertes, j’invite le public à prendre conscience, avec tolérance, des circonstances totalement différentes dans lesquelles ont grandi quatre générations qui doivent parfois cohabiter au sein d’une même société », explique le fondateur de Happiness Work.
« Les personnes nées à partir de 1980 veulent vivre maintenant »
Et pour causes. Les « baby-boomers » par exemple ont connu une époque économique faste, où tous les possibles étaient réalisables, où le travail récompensait et permettait l’ascension sociale. Où le travail offrait une retraite qu’on attendait avec impatience… Mais il n’en va pas du tout de même pour la génération X, parfois aussi qualifié de « génération sacrifiée », qui est née en plein choc pétrolier, avec la fin du plein-emploi et l’apparition du sida. La génération Y quant à elle, naît avec la récession économique du début des années 1980 et comprend que le modèle parental ne pourra être égalé. Et la génération Z, née avec un smartphone dans la main, un taux de chômage record, et une absence de perspectives, ne considère plus du tout le travail comme une fin en soi ou alors sous conditions d’indépendance et de temps. « C’est pourquoi, à la différence de leurs grands ainés perçus comme carriéristes qui attendaient la retraite pour vivre, la majorité des personnes nées à partir de 1980 veulent vivre maintenant, souligne Stéphane. Et c’est une valeur fondamentale que l’entreprise doit prendre en compte en adoptant un management intergénérationnel. »
Mais gare aux préjugés qui peuvent schématiser le comportement d’une catégorie entière de personnes à un individu. « En effet, même si les attentes peuvent coïncider d’une génération à une autre, nous sommes tous différents, avec des personnalités hétérogènes, façonnées depuis l’enfance par notre entourage et nos expériences. Il est vraiment temps de revoir radicalement la vision du management en plaçant l’individu au centre, en essayant autant que possible de faire du cas par cas. Car, plus vous répondez à ses attentes, plus il vous le rendra, et moins il partira… »
Trois questions à Stéphane Gueguen fondateur de Happiness Work
1. Alors que rien ne vous y destinait, vous découvrez tout à fait par hasard le métier de chief happiness officer à la télévision il y a deux ans et décidez de sauter le pas. Quelles ont été vos motivations ?
« Rien ne m’y destinait… Oui et non. Bien que pré-destiné à évoluer à des postes en R&D (Recherche et développement) avec ma formation d’ingénieur en optique et électronique, j’ai commencé ma carrière en tant que commercial puis manager. Lassé par un management pyramidal dans lequel je ne trouvais plus ma place et en perte de sens, j’ai décidé de démissionner au terme de 11 ans de collaboration. Cela ne s’est évidemment pas fait en un jour, mais l’élément déclencheur a en effet été la découverte de ce nouveau métier à la télévision. Alors que j’étais toujours en poste, j’ai pris des congés pour aller me former au Danemark qui est arrivé en tête du “World Happiness Report” des Nations Unies en 2012 et 2013, et fait figure de champion du bonheur toutes catégories. Mais ce n’est pas tout. Au Danemark, la notion de bien-être au travail est réellement présente et repose sur un égalitarisme ainsi que sur une distinction vie privée/vie professionnelle très marquée. J’ai vécu ce séjour comme une véritable révélation. Je décidais de quitter l’entreprise peu après mon retour et de créer Happiness Work. »
2. En quoi consiste le métier de chief happiness officer ?
« Les compétences du chief happiness officer demeurent encore assez floues pour un grand nombre de sociétés. Malgré de nombreuses recherches en psychologie positive sur la relation entre bonheur et productivité, le bonheur au travail a traditionnellement été considéré comme un sous-produit potentiel de résultats positifs au travail, plutôt que comme un moyen de réussir. Non, le manager du bonheur ne va pas vous dire d’installer un baby-foot ou encore d’offrir des massages pour régler tous vos maux. Ses missions sont d’un autre ordre comme par exemple rétablir, voire créer un dialogue entre la direction et les salariés, aider les ressources humaines et les managers à mieux communiquer ou encore dans l’accompagnement des salariés vers plus d’autonomie ou vers la quête de sens. »
3. Et en pratique, comment vous y prenez-vous ?
« Je suis convaincu que le jeu est le meilleur des apprentissages. Ainsi, je fais régulièrement appel à des méthodes d’intelligence collective et à la gamification lors de sessions collaboratives et de formations que j’organise au sein des entreprises. Certaines sont notamment basés sur la méthode Lego® Serious Play®. Bien-être au travail, management bienveillant, quête du sens… Tels sont les grands axes de travail de ces ateliers où je n’exclus aucune idée et incite chacun à participer activement. À l’issue de ces séances, les participants en ressortent acteurs et ont pris conscience des comportements qu’ils souhaitent adopter. Et l’entreprise a découvert de nouveaux outils et de nouvelles façons de travailler. Je fais également découvrir sur demande la méthode Scrum, méthode agile permettant d’améliorer le travail en équipe et d’optimiser son temps en priorisant les tâches à effectuer »
*Happiness Work est à l’initiative de la création d’une association appelée « Souriez… » co-construite par des acteurs du bien-être au travail au sein de moyennes et grandes entreprises comme Thales, OVH, Auchan, Cdiscount, Leroy Merlin, etc. Cette association a pour but de fédérer les entreprises de la Nouvelle-Aquitaine sur l’importance du bien-être au travail en partageant les expériences, bonnes ou mauvaises et en s’ouvrant à ce qui se passe dans différentes entreprises.
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